Abu Yussef le Belge est l'auteur de l'attaque des Champs Elysées

Le Matin 21-04-2017 18121

Abu Yussef le Belge est l'auteur de l'attaque des Champs Elysées
"L'auteur de l'attaque des Champs-Elysées dans le centre de Paris est Abu Yussef le Belge, et c'est un des combattants de l'Etat islamique", a écrit l’agence de propagande de l’EI Amaq.

Un policier a été tué jeudi sur les Champs-Elysées, à Paris, et deux autres ont été blessés dans une fusillade revendiquée par le groupe Etat islamique (EI) à trois jours du premier tour de l'élection présidentielle française.

L'auteur des coups de feu, dont l'identité est connue des enquêteurs mais n'a pas été dévoilée, a été tué par des tirs de riposte. Cependant, selon l'agence de propagande djihadiste de Daech, "l'auteur de l'attaque des Champs-Elysées est Abu Yussef le Belge, et c'est un des combattants de l'Etat islamique". L'auteur de cette attaque est connu des services de la DGSI, selon les médias. L'assaillant faisait effectivement l'objet d'une "fiche S" des services de renseignements.

Abu Yussef El Belgiki s'appelle Karim Cheurfi, un Français de 39 ans. Ce n'est pas un inconnu de la justice française. En 2001, il avait tiré sur un policier lors d’une course-poursuite alors qu’il était au volant d’une voiture volée et tenté d’en tuer un second après avoir réussi à se saisir de l’arme de ce dernier au cours de sa garde à vue. En 2005, il avait été condamné à 15 ans de réclusion pour tentative d’homicide volontaire, révèle le site spécialité Opex. Ce dernier émet des doutes sur la version de l'agence de propagande de Daech. Celle-ci parle d'un Belge alors que Karim Cheurfi n'habite pas la Belgique. D'où l'interrogation sur la possibilité d'un deuxième potentiel terroriste qui serait dans la nature, pronostique ce site spécialisé dans le renseignement militaire.

Une touriste a par ailleurs été touchée par des éclats, ont précisé le procureur de Paris et un porte-parole du ministère de l'Intérieur devant la presse.

François Hollande s'est pour sa part dit convaincu que l'attaque relevait de l'acte "terroriste" et a précisé, lors d'une déclaration prononcée dans la cour de l'Elysée, qu'un conseil de défense aurait lieu ce vendredi à 08h00 (06h00 GMT). La section antiterroriste du parquet de Paris s'est saisie et l'enquête a été confiée à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ainsi qu'à la section antiterroriste de la brigade criminelle de Paris.

L'assaillant est arrivé peu avant 21h00 (19h00 GMT) à bord d'un véhicule, qui s'est arrêté au niveau d'un fourgon de police, avant d'en sortir et d'ouvrir immédiatement le feu avec un fusil d'assaut en prenant délibérément pour cible les forces de l'ordre présentes, selon le récit des autorités.

Un policier a été tué et deux autres ont été blessés, l'un sérieusement, l'autre plus légèrement.

"On ne peut pas exclure qu'il y ait également un ou plusieurs complices qui aient pu participer, d'une manière ou d'une autre, à la commission des faits", a dit à la presse le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet, tout en précisant que les premiers témoignages orientaient l'enquête sur la piste de l'assaillant unique.

Le procureur de Paris, François Molins, a déclaré que l'identité du "terroriste" n'était pas rendue publique pour ne pas perturber l'enquête. Des perquisitions ont notamment été menées dans la soirée.

Le ministre de l'Intérieur, Matthias Fekl, a déclaré qu'un "bain de sang" avait été évité grâce aux forces de l'ordre.

"Leur maîtrise, leur sang-froid, leur réponse parfaitement adaptée dans les secondes décisives où tout s'est joué a permis ce soir d'éviter un bain de sang qui aurait pu être extrêmement large, extrêmement fort sur les Champs-Elysées", a-t-il déclaré.

A trois jours du premier tour

"Pour savoir quelles étaient les motivations et ce qui a poussé cet individu à agir, il est beaucoup trop tôt encore pour le dire mais, en tout cas, ce sont des policiers qui ont été délibérément pris pour cible", a par ailleurs déclaré Pierre Henry Brandet sur BFM TV. L'un des policiers blessés a été atteint dans le dos et transporté à l'hôpital, selon l'une des sources policières sollicitées par Reuters.

Les agents pris pour cible patrouillaient "en mission de sécurisation des Champs-Elysées", dit-on de source policière. La circulation a été bloquée, après la fusillade, sur cette artère touristique du coeur de la capitale, bordée de boutiques de luxe et de restaurants.

Cet événement est survenu à la fin d'une campagne présidentielle déjà marquée cette semaine par l'arrestation de deux hommes, à Marseille, soupçonnés d'avoir planifié des attentats imminents. Le 18 mars, un homme a été abattu dans l'aérogare d'Orly, au sud de Paris, en agressant des soldats de l'opération Sentinelle. Il est manifeste que cette attaque risque d'influer sur la fin de la campagne électorale. Marine Le Pen, canddiate du Front national, commence déjà à souffler sur les braises. Et François Fillon souhaite que la campagne pour le premier tour s'arrête. Le candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a, lui, exprimé son désaccord avec François Fillon.

"Dans l'attente d'informations plus sûres, il me paraît nécessaire de répondre d'abord à notre devoir de citoyen: pas de panique, ne pas interrompre le processus de notre démocratie, de manière à bien montrer que les violents n'auront pas le dernier mot contre les républicains", a-t-il dit.

Fillon dérape sur France 2

Sur France 2, jeudi 20 avril, François Fillon a réagi à la fusillade des Champs-Elysées survenue un peu plus tôt, et rendu hommage au policier tué. Résumant la situation, il a eu cette phrase remarquée : "On nous laisse entendre qu'il y a d'autres violences ailleurs dans Paris". Le candidat ignorait manifestement la réalité du terrain et s'est laissé aller à un enfumage dont il use ces dernières semaines.

Quelques minutes plus tôt, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henri Brandet, avait assuré le contraire : "Non, il n'y a pas d'autre événement en cours. Faisons très attention aux rumeurs qui peuvent circuler", a-t-il lancé aux journalistes

La rédaction avec Reuters

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