Cafouillage sur les importations : la présidence désavoue Abdelmadjid Tebboune

Le Matin 27-03-2017 16526

Cafouillage sur les importations : la présidence désavoue Abdelmadjid Tebboune
Les cafouillages se multiplient dans l'équipe gouvernementale.

Coups de théâtre, scandales, cacophonie, c’est à croire qu’au sein du gouvernement Sellal chacun prêche pour son minaret.

Dernier épisode en date ? La question des importations de produits finis. Le toujours ministre intérimaire du Commerce nous avait assuré il y a quelques jours que ce type de marché sera soumis à des licences. En langage clair : Abdelmadjid Tebboune entendait serrer les vis aux importateurs ! Samedi, le ministère du Commerce a annoncé l'ouverture de la domiciliation bancaire pour les licences d'importation et les contingents tarifaires de biens et marchandises auprès de l'Union européenne (UE) au titre de l'exercice 2017, annonçait une dépêche APS. Abdelmadjid Tebboune, s’est même permis d’adresser une correspondance au Gouverneur de la Banque d'Algérie pour l'ouverture de la domiciliation bancaire pour les licences d'importations.

Mais voilà qu’en ce début de semaine les banques ont été de nouveau autorisées à enregistrer des opérations d’importation. Rien que ça !

Ce nouveau revirement du gouvernement sur la question sensible des importations confirme la cacophonie qui domine au sein de l’exécutif, incapable de dégager une ligne de conduite claire et de la faire respecter. Tout comme il révèle également les luttes d’intérêts auxquelles sont soumis les centres de décision économiques. Mais voilà que cette décision de l'intérimaire Tebboune, à peine relayée, est déjà remise en cause. La question des importations sous licence a été âprement débattue lors de la réunion interministérielle tenue à cet effet jeudi, à la veille du week-end, indique Maghreb Emergent.

A la réunion interministérielle, en effet, les ministres ne se seraient pas arrivés à s’entendre. La reprise des importations sans licence est venue d’un "plus haut niveau" que le gouvernement, croit savoir ce site spécialisé.

Le lobby des importateurs plus fort

La crise fait tanguer le gouvernement qui ne parle plus une seule langue. En effet, cette remise en cause tombée sans doute de la présidence est un camouflet pour Tebboune qui comptait mettre sous contrôle les importations. Ce dernier vient de perdre une manche face au lobby des importateurs qui se sucrent depuis des années grâce aux deniers publics.

Il y a une semaine l’intérimaire au département du Commerce avait fait des déclarations fracassantes sur les couteuses importations de voitures, de bananes, ails et mayonnaise.

Une action sans cohérence

Le gouvernement ne sait plus sur quel pied danser. Entre impéritie, incompétence, imprévoyance, caractérisent les actions du gouvernement. Lequel semble dépourvu de cohérence en matière de choix économiques. Vendredi donc après la fameuse réunion interministérielle, Abdelmadjid Tebboune pourfendait les autorisations d’importations de produits superflus.

"Un pays qui enregistre un déficit commercial de 17 milliards de dollars, a-t-il le droit de laisser les gens importer du chewing-gum pour 18 millions de dollars par an ?", s’est-il interrogé. Ajoutant que la facture d'importations des produits superflus s’est élevée en 2016 à 7,8 milliards de dollars. Une bagatelle qui profite aux importateurs qui font leur beurre depuis que la rente pétrolière coule à flot. Sauf que les réjouissances s’achèvent avec la réduction des prix du pétrole.

Coup de rabot dans les importations de voitures

Les concessionnaires sont les premières cibles des décisions de réduction des importations. Le gouvernement a taillé à la hache dans l’enveloppe et le nombre d’importateurs est passé à seulement cinq heureux bénéficiaires d’autorisation de faire entrer encore la quincaillerie roulante. L’Etat a décidé de réduire les importations automobiles pour l’année 2017 à seulement 30 000 véhicules. En 2016, elles s’élevaient à 98 374 unités.

L'usine Tahkout : le scandale

Le gouvernement justifie cette décision par l’entrée en production des nouvelles unités de production locale, Renault et Hyundai (Cima Motors et Global Motors industries). Le gouvernement prévoit la sortie de 10000 véhicules. Seulement depuis quelques jours l’unité de Tahkout à Tiaret est au cœur d’un énorme scandale. Madieddine Tahkout est soupçonné de ne pas répondre au cahier des charges du gouvernement. Des photos accablantes montrent des véhicules presque complets dans des conteneurs du constructeur. Après un silence de quelques jours, le Premier ministre a décidé d’envoyer une commission d’enquête. L'homme d'affaires se défend... sans convaincre. Les jours à venir nous renseigneront un peu plus.

Yacine K.

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