Yémen : deux ans de guerre et de silence face au génocide du peuple

Le Matin 25-03-2017 15113

Yémen : deux ans de guerre et de silence face au génocide du peuple
La coalition menée par l'Arabie saoudite mène des bombardements intensifs contre la population.

Les crimes de guerre commis depuis deux ans contre le Yémen par la coalition arabo-occidentale menée par l’Arabie Saoudite sous couvert de l’islam, passe mal auprès de l’opinion publique de cette région du monde transformée en brasier par les planificateurs du chaos du Grand Moyen Orient.

Elle passe d’autant plus mal qu’elle est le fait de riches monarchies appuyées par les USA, la Grande Bretagne et la France, contre le pays le plus pauvre et la seule République dans la région, qui veut garder son indépendance. Depuis le 26 mars 2015, des bombardements incessants ciblent les civils yéménites soumis à un blocus total et à la famine entraînant des milliers de victimes. Des bombes à usage interdites sont larguées sur les enfants yéménites. La quasi-totalité des capitales arabes et leurs médias dominants observent un silence complice sur ce génocide.

Cette guerre injuste passe d’autant plus mal que les peuples, eux-mêmes opprimés, se sentent trahis par leurs gouvernants ceux qui prônent "l’unité arabe", "l’unité de la nation islamique" et qui sont les premiers à agresser un peuple arabe et musulman. Quelle hypocrisie ! Durant toutes ces années les peuples ont été abreuvés par de tels slogans creux servis par leurs dirigeants, contredisant leurs actions. Cette guerre a été déclenchée par le roi d’Arabie Saoudite, "gardien des lieux saints", qui prétend au leadership du monde musulman!

Les peuples trahis

Contrairement à leur opinion hostile à cette guerre injuste, les médias dominants arabes et occidentaux font un traitement biaisé de ce conflit auquel ils accordent d’une part, peu de place, et d’autre part, ils la réduisent à un conflit confessionnel sunnites/chiites, en présentent l’agresseur (Arabie Saoudite) comme étant elle la victime d’un complot chiite.

On peut expliquer que ce plan médiatique soit relayé par les médias dominants des pays membres et alliés de cette coalition, par soutien à la politique extérieure de leur pays et de leurs intérêts économiques et géopolitiques. Mais cela n’explique pas le suivi de cette ligne éditoriale par la presse des pays non membres ou même opposés à cette coalition antiyéménite, comme l’Algérie ? Cela relève-t-il de la domination informationnelle par la presse mainstream (dominante) ? Pourtant diverses sources d’information et d’analystes existent sur le Net, pour échapper un tant soit peu à cette emprise, à commencer par la presse et sites d’information yéménites, qui malgré la guerre, continuent de faire courageusement leur travail.

Aujourd’hui, les conséquences cette guerre qui entame sa 3e année au Yémen, avec des bombardements sans répit, l’usage des armes prohibées, des raids contre les civils et les infrastructures civiles du pays, un blocus total (terrestre, maritime et aérien) se traduisent non seulement par un grand nombre de victimes, avec plus de 11.000 morts (dont plus de 1.546 enfants selon l’UNICEF), 42.500 blessés, mais aussi 7 millions de personnes déplacées.

17 millions de Yéménites risquent de mourir de faim

Mais la famine tue encore plus que les bombes. Elle menace 17 millions de personnes, selon la FAO, soit près de 70 pc de la population. Les deux gouvernorats de Taez et Al Hodeïda, sont les plus touchés et risquent de "sombrer dans la famine" si aucune aide humanitaire n'est apportée dans ces régions où se déroulent d’intenses combats, précise la FAO. "Nous faisons face au taux les plus élevés de malnutrition aigüe jamais enregistrés dans l'histoire du Yémen. Parmi les 2,2 millions d'enfants souffrant de malnutrition aigüe, 462 000 souffrent de malnutrition grave et aigüe. Concrètement, cela signifie qu'un enfant souffrant de malnutrition grave et aigüe a 10 fois plus de chances de mourir, si non traité à temps, qu'un enfant en bonne santé du même âge", a déclaré le Dr. Meritxell Relaño, Représentante de l'UNICEF au Yémen, qui a lancé une alerte face à la catastrophe humanitaire au Yémen.

L'insécurité créée par les attaques de la coalition arabe qui cible les moyens de subsistance des Yéménites, (fermes, barques de pèche, barrages, bétail) et les combats le long de la côte Ouest ont endommagé Al Hodeida, le plus grand port yéménite. "Les violences ont notamment perturbé les importations, qui représentent 90% des principales denrées du pays. Les restrictions d'accès et les pertes de bateaux, filets et autres équipements ont mis un terme à la pêche, l'une des plus importantes sources de nourriture et de revenus", indique un rapport de l’ONU. Pas moins de 2 millions de ménages yéménites qui travaillent dans l’agriculture sont privés de semences, des engrais et du carburant pour leurs systèmes d'irrigation.

Les enfants yéménites, qui seront affectés toute leur vie par les séquelles de la malnutrition, même s’ils arrivent à survivre à ce désastre, conserveront à jamais dans leur mémoire les images de ces bombardiers qui pilonnent sans cesse leurs maisons, leurs écoles, leurs stades, leurs marchés, leurs mosquées, hôpitaux, leurs salles de cérémonie, leurs usines, leurs fermes, leurs barques de pêche ! Tout ce qui vit et donne naissance à la vie est ciblé. Même les monuments historiques et archéologies ne sont pas épargnés, dans une tentative d’effacer l’histoire millénaire de l’une des plus anciennes civilisations.

Des armes prohibées utilisées par la coalition au mépris des conventions internationales ont entrainé des malformations chez des nouveaux-nés, comme cela a été signalé à l’hôpital as-Sab’ine dans la capitale Sanaa. Selon la chaîne Al Massirah qui rapporte cette information le 22 mars, "plus de 5 nouveaux nés, atteints de malformations proviennent comme par hasard de la région côtière ouest, c’est-à-dire de Harad et Hodeïda exposées aux raids de la coalition saoudo-US", qui a "utilisé des armes chimiques et testé d’autres armes prohibées contre les Yéménites".

La vie de millions de Yéménites ne mérite pas d’être sacrifiée pour remettre sur son trône le Président démissionnaire contesté Abd Rebbo Mansour Hadi, qui a lancé un appel pour une intervention étrangère contre son pays, contre son peuple. Ce qui, partout dans le monde, relève d’un acte de trahison. Pourquoi "le Commandement des forces de la coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen," n’a-t-il pas laissé les Yéménites régler leurs différends entre eux par la voie du dialogue politique au lieu de déclencher cette guerre sanglante ? La vie de millions de Yéménites méritait-elle d’être sacrifiée sous prétexte de "contrer la menace iranienne" à travers les Houthis (mouvement politico-religieux d’inspiration khomeyniste) ?

Faux prétexte

Si la révolution khomeyniste a inspiré par ses idées, le mouvement des Houthis, qui s’est soulevé contre leur marginalisation par les différents gouvernements et l’injustice au Yémen, pourquoi l’Arabie Saoudite n’aurait-elle pas fait prévaloir d’autres idées, d’autres moyens pacifiques, pour contrer cette influence, au lieu de déclencher cette guerre d’extermination des Yéménites, qu’ils soient d’obédience chiite ou sunnite ? Ryadh a pourtant usé de moyens importants, pour financer le parti El Islah (salafiste) et des tribus yéménites entières, notamment au Sud du Yémen qu’elle cherche à séparer du Nord. Cette influence "sonnante et trébuchante" n’a-t-elle pas été payante ?

Avec l'argent dépensé dans cette guerre au Yémen, qui, selon le magazine américain Foreign Policy, s’élèverait à plus de 725 milliards dollars, l’Arabie Saoudite, aurait pu, pour "contrer l’influence iranienne", aider par exemple son voisin yéménite, le pays le plus pauvre de la région, à financer des investissements dans le développement de ses riches ressources pétrolières, au lieu de bloquer le développement de ce pays, considéré comme son arrière-cour ?

Puissance et servitude du royaume des al Saoud face à l’Empire

La monarchie wahhabite a toujours tiré sa puissance et sa richesse de son pétrole et de son statut particulier auprès de l’empire anglo-saxon qui a aidé à sa création par le roi Ibn Saoud en 1932) et qui a assuré sa protection et sa sécurité. C’est ce qui est du reste stipulé par le Pacte du Quincy, conclu le 14 Février 1945, au lendemain de la 2eme guerre mondiale, entre le roi Ibn Saoud, et le Président américain Franklin Roosevelt. Ce pacte garantissant la fourniture de pétrole contre la protection du royaume, valable pour une durée de 60 ans a été renouvelé en 2005 par le Président américain Georges Bush, pour une même période.

D’après ce pacte: «La stabilité de l’Arabie Saoudite fait partie des «intérêts vitaux» des États-Unis qui assurent la protection inconditionnelle de la famille Saoud et accessoirement celle du Royaume contre toute menace extérieure éventuelle» mais qui «s’interdisent toute immixtion» dans la politique intérieure du royaume. En contrepartie, Al Saoud accorde le monopole d’exploitation des réserves pétrolières aux sociétés américaines et garantit l’essentiel de l’approvisionnement énergétique américain, payable en dollars uniquement (pétrodollars).

Bénéficier de la protection militaire américaine pour assurer la pérennité de son trône et de sa fortune tirée des revenus pétroliers et du pèlerinage, a toujours fait partie de la stratégie du royaume des Al Saoud, devenu le principal acheteur des armes US et d’autres puissances occidentales (Royaume Uni, France). Ce qui a fait de l’Arabie Saoudite «la dictature protégée» comme l’écrit, aux éditions Albin Michel, Jean-Michel Foulquier, mais aussi l’allié fidèle, qui a toujours exécuté les plans de l’impérialisme anglo-saxon dans la région.

Les Etats Unis, la Grande Bretagne, la France, ont tous les trois renouvelé cette année leurs contrats de ventes d’armements avec le royaume saoudien, à la satisfaction du complexe militaro-industriel de ces pays, malgré les protestations des ONG humanitaires contre l’usage d’armes prohibées par le royaume. Amnesty International (AI) a accusé le 23 mars, Washington et Londres «d’alimenter la crise humanitaire au Yémen par leurs livraisons d’armes à l’Arabie saoudite», pour plus de 5 milliards de dollars depuis 2015.

La France pour sa part vient de conclure un contrat de 455 millions d’euros pour la vente d’armement à Ryadh, son principal client au Moyen Orient. C’est le contrat Donas, signé par l’Arabie Saoudite et la France au profit du Liban qui s’est finalement transformé en vente directe d’armes pour le compte de l’Arabie Saoudite, selon la presse libanaise. D’un montant de 3 milliard d’euros, ce contrat, rebaptisé Saudi-French Military (SFMC) va servir à Ryadh, pour reconstituer son stock d’armement pour une somme de 455 millions d’euros, mais qui pourrait, à terme, représenter 1,2 à 1,4 milliard d’euros. Avec près de 20 milliards d’euros de matériel vendu en 2016, la France a battu son précédent record de 17 milliard atteint en 2015. Ce qui lui permet de maintenir sa place de 3e marchand d’armes dans le monde.

Mais avec le développement du pétrole de schiste aux Etats Unis qui a fait de ce pays un exportateur de pétrole et non plus un importateur uniquement, le marché américain va se fermer devant le pétrole saoudien. D’ailleurs, le Président Ronald Trump a déclaré durant sa campagne électorale qu’il allait mettre fin à l'importation du pétrole de l'Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis et de l’étranger, pour assurer l’indépendance énergétique des Etats-Unis et se «libérer» complètement de ses «adversaires», ainsi que des "cartels pétroliers".

Ce discours a provoqué la panique à Ryadh qui a dépêché son ministre des affaires Adel al-Jubeir pour rappeler que le royaume et les USA partagent "les mêmes intérêts" et que Ryadh est toujours prêt à continuer à fournir ses bons et loyaux services aux Etats Unis. Comme pour le prouver, l’Arabie Saoudite vient de conclure des contrats de dizaines de millions de dollars avec des entreprises américaines. Le prince Ben Salmane, également ministre de la Défense s’est précipité à Washington pour défendre auprès de Trump que son pays reste le meilleur allié des Etats Unis dans la région et qu’ils ont les mêmes ennemis. Mais le nouveau Président américain en bon businessman qu’il est, a dû sûrement lui répondre que le royaume doit payer plus s’il veut continuer de bénéficier du parapluie américain ! Selon la presse, Trump veut faire saigner les pétromonarchies.

En outre, les réserves pétrolières saoudiennes ne sont pas infinies et tendent à décliner, comme le montre une étude spécialisée parue dans le Journal of Petroleum Science and Engineering, citée par Middle east eye, selon laquelle l’Arabie Saoudite, après un pic dans sa production pétrolière, connaitra un déclin inexorable en 2028. Les exportations pétrolières nettes de l’Arabie Saoudite avaient déjà entamé leur déclin depuis 2006. Entre 2005 et 2015, le taux de déclin annuel était d’1,4 %. Un rapport publié par Citigroup a prévu que les exportations pétrolières du royaume (soit 80% de ses recettes), «plongeraient jusqu’à zéro dans les quinze prochaines années».

Le vrai motif de la guerre contre le Yémen : s’accaparer ses richesses pétrolières

Pour éviter cette descente aux enfers et la fin de la fortune pour la famille Al Saoud, celle-ci lorgne sur le pétrole de son voisin yéménite, qui dispose d’importantes réserves, parmi les plus importantes dans la région et dans le monde, selon des experts économiques. Cette guerre est donc loin d’être dictée par des conflits confessionnels chiites contre sunnites, comme on veut le faire croire mais il s’agit bien d’une guerre du pétrole, tout comme les autres guerres au Moyen Orient Afrique du Nord (Irak, Syrie, Libye).

Le vrai motif de la guerre contre le Yémen par l’Arabie Saoudite et ses alliés au Yémen, c’est pour s’accaparer les richesses pétrolières de ce pays. C’est là le principal enjeu de ce conflit géopolitique.

Pour l’expert économique yéménite Mohammed Abderrahmane Sharafeddin, dans un article paru le 5 mars 2017 sur RT Fr, la découverte d’importants gisements pétroliers au Yémen, est " l'une des raisons qui a poussé l'Arabie saoudite à attaquer le Yémen», en sachant que «le sous-sol de Hadramaout est riche en pétrole et que l'occupation du Sud du Yémen revient à grossir les caisses de l'État saoudien. Et ce fut après la découverte de gros gisements pétroliers dans le Sud que les Émirats se sont, eux aussi, engagés militairement au Yémen», a-t-il affirmé.

Il a révélé encore que Riyadh détournait les réserves de pétrole yéménites, avec la collaboration de la société pétrolière française Total, au niveau d’un site pétrolier construit sous supervision d’Aramco, à Kharkhir, près de Najran, (ville frontière entre le Yémen et l’Arabie Saoudite). Selon lui, 63% du pétrole yéménite est ainsi pompé par Riyadh et Total, en accord avec le Président Mansour Hadi. L'argent tiré de la vente de ce pétrole servait ensuite à financer la guerre contre le Yémen.

Selon un autre expert, Hassan Ali al-Sanaeri : «Washington et Riyad avaient soudoyé l'ancien gouvernement yéménite pour qu'il s'abstienne des activités de forage et d'exploration pétroliers, alors même que la recherche scientifique et les évaluations effectuées par les sociétés de forage internationales montrent que les réserves de pétrole yéménites sont les plus importantes de toute la région du Golfe Persique». Les seules réserves découvertes dans la région d’Al Jaouf, pourraient potentiellement faire du Yémen, l'un des plus grands exportateur de pétrole de la région et du monde, comme cela a été avancé par d’autres experts.

Comme il ne suffit pas de produire des hydrocarbures et qu’il faut encore avoir les moyens pour les exporter sur le marché, à travers des voies de navigation sécurisées, la guerre au Moyen Orient est aussi une guerre de pipes, de gazoducs et de voies de navigation. Au Yémen, le détroit de Bab- el-Mandeb, carrefour stratégique de transport maritime, accueillant 40 % du transit international des marchandises et trois-quarts du pétrole du Moyen Orient, est au centre du conflit. D’une importance géostratégique, il relie la mer Rouge dans le golfe d'Aden à l'océan Indien, et l'océan Indien à la mer Méditerranée via la mer Rouge et le Canal de Suez. Il offre une porte d’entrée sur l’Afrique de l’Est. Les forces de la coalition et ses alliés ont déclenché plusieurs offensives pour prendre le contrôle de ce passage, vital, pour la navigation internationale.

La guerre d’occupation et de dépeçage du Yémen vise aussi les iles, comme Socotra et Mion. La première, a été cédée par Hadi, aux Émirats arabes unis (membre de la coalition arabe) pour une durée de 99 ans. Cette ile unique, un véritable paradis sur terre, classée patrimoine mondial, va servir pour abriter des opérations d'entraînement militaire. La deuxième, l’île de Mion, située près de Taez et à quelques kms de Bab –el-Mandeb, devrait être cédée à l’Arabie Saoudite ou d’autres pays membres et alliés de la coalition qui se la disputent pour en faire une base militaire.

Les missiles yéménites brisent l’équilibre de la terreur

Mais deux ans après la guerre, les forces yéménites regroupées autour de l’armée restée fidèle à l’ancien Président Ali Abdallah Salah et Ansar Allah (Houthis) résistent et luttent contre l’agression et l’occupation de leur pays, malgré la supériorité militaire de la coalition "OTAN arabe". Cette année on a vu les forces yéménites développer leurs propres missiles, à longue portée capables d’échapper au système de défense saoudienne et briser ainsi l’équilibre de la terreur.

Plusieurs attaques aux missiles ont pu atteindre Djeddah et Ryadh, dont la dernière en date qui a ciblé la base aérienne Roi Salmane au centre de Ryadh. L’armée yéménite tient dans son viseur les villes frontalières saoudiennes (Najran, Jizan, Assir) où elles ont pénétré en profondeur), mais aussi toutes les villes saoudiennes et les autres villes des monarchies du Golfe membres de la coalition. Pour l’armée yéménite, ces attaques sont une réaction de défense légitime et une riposte aux massacres et aux crimes commis contre le peuple yéménite et son territoire, sans épargner les civils.

Le porte-parole de l'armée yéménite le général Sharaf Luqman a affirmé dans une interview avec la chaîne satellitaire Al-Mayadeen, que l'armée s'apprête à lancer la prochaine étape de ses attaques au missile de longue portée. "Nous avons optimisé nos missiles à tel point qu'ils ont atteint Riyad. Les prochains missiles sont prêts et nous allons entamer la phase après-Riyad. Toutes les équations vont changer", a dit Luqman. Son adjoint, Aziz Rashid, a indiqué pour sa part que "les missiles stratégiques du Yémen ont établi un équilibre de terreur face à l'Arabie saoudite". Il a ajouté que "Les bases, les aéroports, les ports et les bases militaires à Ad-Dammam (frontières entre l’Arabie Saoudite et Bahreïn), seront la cible des missiles yéménites".

La DCA yéménite qui a été sabotée par le Président Hadi avant son départ, selon une source yéménite, a pu reprendre du service et abattre le 16 Mars un avion de type apache de la coalition, tombé dans le district d’AlFakih, dans la province de Hodeidah, le 24 Février un F16 à Najran, à la frontière saoudienne et le 25 Janvier, un Apache à Dhoubab près de Bab el-Mandeb.

Aux régions frontalières saoudiennes, les forces yéménites sont entrées en profondeur et occupent d’importantes positions, comma à Najran où elles contrôlent désormais le flanc sud des montagnes qui entourent cette province et la quasi-totalité des bases militaires saoudiennes, que les forces yéménites utilisent pour contrer les raids aériens des chasseurs de la coalition pro-Riyad, selon le quotidien El Akhbar.

En mer, les missiles yéménites s’en prennent aux navires de la coalition, comme la frégate saoudienne touchée début Février en Mer Rouge, près d’Al Hodeidah alors qu’elle participait au bombardement des côtes ouest yéménites, selon la chaine yéménite AlMasirah, liée aux Houthis. Le navire, qui transportait à son bord 176 soldats et officiers ainsi qu’un hélicoptère de combat, a été touché avec précision. En octobre dernier un navire de guerre émirati avait été détruit, alors qu’il tentait d’approcher les côtes de Mokha. Il s’agit du 7ème navire de la coalition bombardé par les forces yéménites depuis le début de la guerre.

Ces deux années de guerre, malgré la longue liste des victimes et de destructions, le peuple yéménite n’a pas été mis à genoux. Il reste debout pour défendre sa patrie et sa dignité. Sa soif de la liberté est plus forte que la soif de puissance, d’argent et l’orgueil des monarques saoudiens qui ne veulent pas mettre fin à cette guerre pourtant déjà perdue. Mais la puissance quand elle n’est pas accompagnée de sagesse chez un souverain, ne peut conduire qu’au pire aveuglément qui peut être fatal à son royaume.

Houria Ait Kaci

Journaliste

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